top of page

Rorqual bleu

Balaenoptera musculus

STATUT AU CANADA (ATLANTIQUE) : EN VOIE DE DISPARITION
DISTRIBUTION ET ABONDANCE

Considéré comme le plus gros animal ayant jamais existé sur Terre, le rorqual bleu est une espèce cosmopolite, c’est-à-dire qu’on la retrouve partout dans le monde. La plus grande longueur rapportée chez un rorqual bleue et ayant été validée par la communauté scientifique est de 29,9 m (Sears & Calambokidis, 2002). Trois sous-espèces ont été caractérisée dans la littérature selon leur distribution géographique : B. musculus intermedia retrouvée dans les eaux antarctiques, B. musculus brevicauda qui vit dans l’hémisphère Sud et B. musculus musculus habitant dans l’hémisphère Nord. C’est à cette dernière sous-espèce qu’appartient la population de rorqual bleus de l’Atlantique Nord, dont certains individus sont observés dans le Golfe du St-Laurent. L’observation de ces impressionnants cétacés peut être réalisée dans le golfe et l’estuaire d’avril à décembre, généralement. (Sears & Calambokidis, 2002; Sears & Perrin, 2018)

​

Bien qu’elles ne soient pas tout à fait bien comprises, les migrations des rorquals bleus habitant l’Est du Canada ont été étudiées par quelques équipes de recherche. Lesage, Gavrilchuk, Andrews, and Sears (2017) ont récemment identifié le détroit de Cabot comme corridor principal d’entrée et de sortie dans le Golfe, ainsi que le « Mid-Atlantic Bight » – qui s’étend du Massachussetts à la Caroline du Nord – comme site d’hivernage et possiblement de reproduction et mise-bas.

​

L’unique prédateur naturel de ces immenses cétacés est l’orque (Orcinus orca), mais les attaques sur les rorquals bleus semblent être très rares comme ils sont de bons nageurs. Leur très grande taille a fait des rorquals bleus une cible de choix pour la chasse à la baleine, ce qui a drastiquement diminué les populations mondiales avant que la Commission Baleinière Internationale (CBI) ne déclare une interdiction de chasse en 1966. Aujourd’hui, quelques populations semblent montrer des signes positifs de rétablissement, mais d’autres menaces anthropogéniques pèsent sur les efforts de conservation, notamment les collisions avec les bateaux, les empêtrements dans les engins de pêche, la pêche commerciale  et les changements climatiques. (International Whaling Commission, 2020) Ainsi, la population de rorquals bleus de l’Atlantique Nord est déclarée en voie de disparition depuis 2002 par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). (Sears & Calambokidis, 2002) La taille de la population est actuellement estimée entre 600 et 1500 individus. (Sears & Perrin, 2018) Afin de limiter les conséquences négatives du trafic maritime sur l’alimentation des rorquals bleus, la préservation d’un périmètre de 400 m de distance avec ces animaux a été documentée comme favorable. Cette distance est d’ailleurs prescrite par la réglementation Canadienne relative aux mammifères marins. (Lesage, Omrane, Doniol-Valcroze, & Mosnier, 2017)

​

ÉCOLOGIE ET PHYSIOLOGIE

Les rorquals bleus se nourrissent en engloutissant de grandes quantités d’eau et de proies, qu’ils filtrent ensuite à travers leurs fanons en utilisant leur puissante poche ventrale et leur langue, ce qui leur permet d’avaler uniquement leur nourriture. Leur principale proie est le krill (euphausiacés). Ces cétacés sont fréquemment retrouvés proche des remontées d’eau qui créent des concentrations importantes de krill, comme dans l’estuaire du Saint-Laurent. (Sears & Calambokidis, 2002; Sears & Perrin, 2018)

 

Espèce migratrice, le rorqual bleu va s’alimenter sur de courtes périodes de temps afin d’accumuler des réserves d’énergie suffisantes pour subvenir à ses besoins lors des périodes de jeûnes, reproduction ou lorsque la nourriture se fait plus rare. Il a été décrit que les interactions répétées avec des navires combinées à des changements dans la densité de proie vont influencer négativement les efforts d’alimentation des rorquals bleus de l’Atlantique Nord. (Guilpin et al., 2020)

 

La reproduction et la mise bas ont habituellement lieu à partir de la fin de l’automne jusqu’à la moitié de l’hiver. Les rorquals bleus atteignent la maturité sexuelle à 8-10 ans, et à partir de ce moment-là les femelles peuvent donner naissance à un veau toute les 2-3 ans. La gestation dure de 10 à 12 mois; le veau pèse 2 à 3 tonnes à la naissance, et mesure de 6 à 7 mètres. Le sevrage a généralement lieu à 6-8 mois, lorsque le veau a atteint 16 m de longueur. (Sears & Calambokidis, 2002; Sears & Perrin, 2018)

 
COMPORTEMENT

Les rorquals bleus remontent à la surface pour respirer lors de périodes allant de 1 à 5 minutes, avant de plonger pour 8 à 15 minutes en moyenne. Ces grands cétacés communiquent en produisant d’intenses sons graves à très basse fréquence, qui peuvent être transportés dans l’océan sur des distances allant de plusieurs centaines voire milliers de kilomètres (Berchok, Bradley, & Gabrielson, 2006). Les rorquals bleus se tiennent typiquement seuls ou en paire, mais de plus grands regroupements peuvent être observés proche de régions où la nourriture est abondante. (Sears & Perrin, 2018). Au moins 10 différents types de vocalisations ont été documentées chez cette espèce, et chaque patron de sons reste similaire sur plusieurs dizaines d’années. (McDonald, Hildebrand, & Mesnick, 2009)

Distribution_Rorqual-Bleu-01.png
DISTRIBUTION (Braulik 2019)
Longueur_Icon.png
LONGUEUR
20 - 23 m​
Poids_Icon.png
POIDS MOYEN
50 - 150 tonnes
Longevite_Icon.png
LONGÉVITÉ (ESTIMÉE)
80 - 90 ans​
PROJET DE RECHERCHE DU CERSI

Les projets du CERSI autour du rorqual bleu s’articulent autour de l’évaluation de leur bien-être à partir d’indicateurs physiques, physiologiques, comportementaux et environnementaux. Comme pour les autres espèces sur lesquelles le centre travaille, le but est de fournir de nouveaux outils pour caractériser la santé individuelle des individus formant les populations retrouvées dans le golfe, afin de contribuer à documenter le continuum entre le bien-être animal et la santé et conservation des populations.

Références :

 

Berchok, C. L., Bradley, D. L., & Gabrielson, T. B. (2006). St. Lawrence blue whalevocalizations revisited: Characterization of calls detected from 1998 to 2001. Journal of the Acoustical Society of America, 120(4), 2340-2354. doi:10.1121/1.2335676

​

Guilpin, M., Lesage, V., McQuinn, I., Brosset, P., Doniol-Valcroze, T., Jeanniard-du-Dot, T., & Winkler, G. (2020). Repeated Vessel Interactions and Climate- or Fishery-Driven Changes in Prey Density Limit Energy Acquisition by Foraging Blue Whales. Frontiers in Marine Science, 7(626). doi:10.3389/fmars.2020.00626

​

International Whaling Commission. (2020). Blue whale. Retrieved from https://iwc.int/blue-whale

​

Lesage, V., Gavrilchuk, K., Andrews, R. D., & Sears, R. (2017). Foraging areas, migratory movements and winter destinations of blue whales from the western North Atlantic. Endangered Species Research, 34, 27-43. doi:10.3354/esr00838

​

Lesage, V., Omrane, A., Doniol-Valcroze, T., & Mosnier, A. (2017). Increased proximity of vessels reduces feeding opportunities of blue whales in the St. Lawrence Estuary, Canada. Endangered Species Research, 32, 351-361. doi:10.3354/esr00825

​

McDonald, M. A., Hildebrand, J. A., & Mesnick, S. (2009). Worldwide decline in tonal frequencies of blue whale songs. Endangered Species Research, 9(1), 13-21. doi:10.3354/esr00217

​

Sears, R., & Calambokidis, J. (2002). Update COSEWIC Status Report on the Blue Whale Balaenoptera musculus in Canada. Retrieved from Ottawa: http://www.sararegistry.gc.ca/virtual_sara/files/cosewic/sr_blue_whale_e.pdf

 

Sears, R., & Perrin, W. F. (2018). Blue Whale: Balaenoptera musculus. In B. Würsig, J. G. M. Thewissen, & K. M. Kovacs (Eds.), Encyclopedia of Marine Mammals (Third Edition) (pp. 110-114): Academic Press.

Ayez un impact

Vous voulez contribuer à la conservation et le bien-être
de la faune marine du Golfe Saint-Laurent ?

Contactez-nous
bottom of page